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Des photos, des moments de vie, des lectures, des émotions, ma vie ou ce que je veux bien en dévoiler. Permettez moi de partager avec vous.

Fou de Vincent. Hervé Guibert

« Dans la nuit du 25 au 26 novembre, Vincent tombait d'un troisième étage en jouant au parachute avec un peignoir de bain. Il a bu un litre de téquila, fumé une herbe congolaise, sniffé de la cocaïne. Le retrouvant inanimé, ses camarades appellent les pompiers. Vincent se redressa brusquement, marcha jusqu'à sa voiture, démarra. Les pompiers le coursent, s'engouffrent dans son immeuble, montent avec lui dans l'ascenseur, pénètrent dans sa chambre, Vincent les injurie. Il dit “ Laissez-moi me reposer ”, eux : “ Andouille, tu risques de ne jamais te réveiller. ” Dans la chambre d'à côté, ses parents continuent de dormir. Vincent a foutu les pompiers dehors. Il s'est endormi comme un charme. À neuf heures moins le quart, sa mère le secoue pour l'envoyer au travail, il ne peut plus bouger d'un pouce, elle le transporte à l'hôpital. Le 27 novembre, prévenu par Pierre, je rendis visite à Vincent à Notre-Dame-du-Perpétuel-secours. Deux jours plus tard il mourait des suites d'un éclatement de la rate. »

Fou de Vincent

 

Comme toujours ce garçon me séduit, comme chaque fois cet écrivain me bouleverse, et inévitablement me renvoi à ma vie, mon histoire, mon passé, mes amours avec "mon meilleur et mon pire".

Ce livre fait 85 pages, inutile de dire que je l’ai lu d’une seule traite, puis j'ai relu certains passages.
Oui après avoir lu un livre j'aime y revenir, pour une deuxième, une troisième lecture.


Avec Hervé Guibert, on aime ou on déteste, moi j’aime.
Son écriture est franche, abrupte, pour certain indécente, ou l’érotisme se fond dans le tragique.


J’aime aussi cette façon d’écrire, sous forme de journal, de notes « Très intimes »
Hervé Guibert n'est jamais aussi bon que quand il raconte la seule histoire qui le passionne : l'histoire de sa vie

Quelques extraits :

« Atrocement amoureux ? L’amour n’est – il pas un prétexte au désespoir ? »
« Qu’au moins il me laisse lui prodiguer l’amour dont je suis capable, et je resterai bien vivant en ce monde ! »
« J’ai allumé toutes les lumières, j’attends Vincent, je repense au suicide »
« Avec lui je perdais toute dignité ; n’était-ce pas pour cela que je tenais si intensément à lui ? »
« Voir Vincent le soir est une joie dès le réveil, dès la veille au soir, dès le matin de la veille, dès le soir de l’avant-veille ; la dernière fois, il s’est décommandé à la dernière minute »
« On a jouie ensemble ; n’était-ce pas la première fois ? »
« Sur « KISS » de Prince il dansait avec son sexe dans ma bouche ; maintenant je pourrai lui demander n’importe quoi. »
« Avec Vincent on a passé une bonne partie de la nuit à essayer de me mettre. Ça m’a rappelé ces nuits blanches juvéniles à deux, les toutes premières, ou la sensualité l’emporte sur l’épuisement, ou la recherche vaine du plaisir devient plus exaltante que le plaisir attendu, et ou les corps se mettent à dégager une étrange odeur, au-delà de la sexualité, une sueur d’absolu. »
« Il m’interdit toujours son cul, dit que c’est fait pour le caca »



"Il reste ainsi à notre indécision à être à la hauteur de cette folie de Vincent que Guibert nous confie. Il faut croire possibles ces excès de tendresse et d'érotisme (en d'autres temps, on aurait dit : de perversion), qui ne deviennent tels, à vrai dire, et là est la vraie réussite, le plus improbable, qu'à cause de l'intense et troublante beauté des phrases mêmes, dans leur simplicité. Mais comment croire qu'un journal, écrit au jour le jour, ait cette extraordinaire qualité d'écriture ?"

Jean-François Josselin (Le Nouvel Observateur, 31 août 1989)

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À propos
Le blog de Gérard

J'aime me balader l'appareil photo à l'épaule et saisir des instants de vie. J'aime aussi la littérature, le théatre et le cinéma en fait suis trés banal. Mais j'aime partager mes émotions.
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